3 jours, 3 semaines, 3 mois
ou le bilan de mon expérience de famille d'accueil pour un chien (spoiler : ça tourne mal!)
Un animal a besoin de 3 jours pour comprendre et décompresser, 3 semaines pour être à l'aise dans son nouvel environnement et intégrer une routine, 3 mois pour comprendre qu'il est enfin chez lui !
Mon rêve depuis gamine c’est d’avoir un chien. Pourtant impossible pour moi de sauter le pas. Voulant faire les choses correctement, je prenais le temps d’y réfléchir sagement.
Ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère, c’est un engagement sur une vie.
Je voulais que toutes les conditions soient réunies pour accueillir ce “potichien” tant désiré.
En couple depuis quelques années, je partage avec mon partenaire de l’époque l’envie d’en avoir un à nous. Mais ce qui nous retient c’est son chat, beaucoup trop agressif et imprévisible pour tenter le risque.
On se dit qu’on est prêts, qu’on fera attention entre le chien et le chat mais je me dégonfle. Je suis paniquée à l’idée d’avoir un chien. C’est trop pour moi, j’ai peur de ne pas être assez. Je remets l’idée dans une petite boite au fin fond de ma tête.
J’ai longtemps vécu par procuration, bien contente d’avoir des amies avec doggo. Au point même de lancer un compte instagram avec des photos de chiens.
Tout le monde sait à quel point j’aime les chiens, des ami-es et même des inconnu-es me taguent sur des photos de chiens qu’ils croisent dans la rue, on m’envoie des vidéos et photos de chiens mims à foison. Bref, c’est inscrit dans la tête de tout le monde que Sabrina Sako = potichien.
En août 2024, je suis enfin prête, malgré le fait d’avoir déjà un chat à la maison. J’avais la possibilité de réduire mes heures au travail, donc d’être plus présente pour surveiller de près la cohabitation. Puis je me suis retrouvée célibataire et avoir un chien n’était donc plus vraiment à l’ordre du jour. Mais c’était quand même toujours là, dans un coin de ma tête.
A la fin de l’année 2024, c’est le moment de créer mon vision board. Je pense avoir assez soulé mes proches et mes abonné-es sur instagram avec ça : manifesting la maison à la campagne avec le potichien. C’est écrit en gros sur mon vision board, en 2025 on fait tout pour enfin être là où on veut.
En février, un jeudi soir, je suis très triste, je me dis que ma vie est foutue, je tourne en boucle, j’essaye de m’occuper un peu pour faire taire mon cerveau, bref j’ai beaucoup trop de temps libre.
Le lendemain matin, je me réveille avec un message de mon amie Charline. Charline c’est cette nana hyper trop cool, qui est entrée dans ma vie un peu par hasard et qui adore les chiens. Elle est l’heureuse maîtresse de Lily et avant ça, elle a accueilli Fuji — Fuji qui est maintenant avec Luisa, mon autre amie hyper trop cool. J’espère que je ne vous ai pas perdu jusque ici.
Donc je disais, le vendredi matin je reçois un message de Charline, qui elle-même a reçu un message de l’association avec laquelle elle est en lien : c’est une urgence, il faut placer le petit Cooky en famille d’accueil assez rapidement, il n’y a personne de disponible pour le prendre alors Charline pense à moi. J’ai le temps, j’habite dans un grand appartement pas très loin des Buttes Chaumont, c’est le moment parfait pour moi d’être famille d’accueil.
Sans vraiment trop avoir le temps de réfléchir, j’accepte — les photos de sa petite bouille n’aidant clairement pas. C’est l’histoire de quelques semaines on me dit. Rassurez-vous, j’ai quand même demandé l’avis de ma coloc.
L’après-midi même je fais un appel en visio avec une dame de l’association pour s’assurer que mon appartement est convenable pour accueillir un chien et en même temps, on fait plus ample connaissance.
C’est réel, bientôt il y aura un chien ici, sous ma responsabilité.
Samedi après-midi, j’ai rendez-vous avec son actuelle propriétaire aux Buttes Chaumont pour une première rencontre. J’ai la boule au ventre et en même temps je suis si excitée. Je les attends sur un banc, près d’une entrée. Au loin je les vois arriver et c’est le coup de coeur. Enfin, je veux dire, bien sûr que je fonds, comme n’importe quel petit chien qui croise ma route. Il ne me calcule pas vraiment parce qu’il a envie de jouer, il regarde tout ce qui l’entoure mais il se laisse faire quand je l’approche et veux le gratouiller.
Je discute avec sa maitresse, pour en apprendre plus sur lui mais aussi pour la rassurer elle, qu’elle sache que Cooky sera entre de bonnes mains. C’est la première fois que je suis famille d’accueil mais toutes les conditions sont réunies pour que je me lance enfin, et je veux faire ça bien. On convient d’une heure pour qu’elle le dépose chez moi le lendemain. Après quelques échanges, je les regarde partir, faire sans doute une de leur dernière balade ensemble.
Dimanche 9 février, un peu avant 13h, Cooky est chez moi et maintenant chez lui pour quelques semaines.
Je suis nerveuse mais c’est parti, on y va. Il semble déjà très à l’aise, repère les lieux, je lui montre où se trouve son panier et ses gamelles. Et on part pour notre première balade ensemble. Je suis aux aguets, peur qu’il s’enfuit car peut-être déboussolé, nouveau quartier, nouvelles odeurs et puis moi, nouvelle “maman”. Mais il a l’air d’avoir vécu ici toute sa vie. Et c’est facile. Pas simple mais je m’attendais à pire.
Première nuit, pas de pleurs, il dort à mes pieds, car je suis incapable de lui refuser de monter sur le lit. Jugez-moi si vous voulez. Mais tout se passe bien. Pas de dégât, pas d’oubli. Je réalise que j’ai beaucoup de chance, qu’il est facile à vivre.
On fait nos premières longues balades, nos rencontres avec les copines et leurs chiens et tout se passe bien.
Le troisième jour de Cooky à la maison, je le regarde et je réalise que je l’aime déjà beaucoup. J’espère secrètement qu’il se souviendra de moi, sa famille d’accueil, sa famille de transition vers sa famille définitive, pour la vie.
Je pleure et j’ai en tête la chanson “Remember me” du dessin animé Coco par Disney. C’est ridicule mais je ne peux m’empêcher de pleurer. Moi je ne l’oublierai jamais mais est-ce que lui m’oubliera ? L’idée me rend triste.
Après une dizaine de jours, il est temps de lui rédiger une description pour l’adoption. On préfère d’abord ne pas le poster officiellement car clairement, un petit chien comme ça, c’est des centaines de dossiers à traiter.
Cooky rencontre une première adoptante potentielle mais l’entrevue se termine assez rapidement, elle est trop âgée pour Cooky (erreur dans les dossiers). Et le voir avec une autre m’a fait tellement de mal, que je me suis dis, non je l’adopte, c’est mon chien en fait.
Puis le lendemain, je suis revenue sur ma décision. J’ai eu peur. Encore une fois.
Une semaine après, on rencontre un couple de trentenaires, ils ont déjà eu un chien par le passé donc ça me rassure un peu, l’entente a l’air de se faire mais Cooky reste quand bien même collé à moi.
Quelques jours sans nouvelle mais au final ils nous annoncent ne pas vouloir adopter Cooky car il est déjà trop attaché à moi et ont peur que la séparation soit trop dure.
Donc rebelote, on rencontre une troisième possible adoptante.
Et là, un mois et demi passé avec Cooky je me dis que si cette personne ne veut pas de lui c’est un signe et qu’il doit rester avec moi.
Guess what ? La personne ne veut finalement pas l’adopter non plus…
Qu’est-ce que je fais ? J’ai tellement peur, c’est trop de responsabilités, j’établie une liste de pour et contre, mais tout est démontable, il y a toujours des solutions et des ami-es partant-es pour m’aider en cas de besoin.
Mon seul gros point noir c’est l’argent : je vais être au chômage, un chien ça coûte cher. Enfin, façon de parler, mais il faut lui prendre une mutuelle, des traitements anti parasites, vaccins et rappels, opérations possibles, et ça m’angoisse l’argent.
Tout le monde me dit de le garder mais je n’arrive pas à me décider. J’étais paralysée à l’idée de prendre cette décision qui allait changer le cours de ma vie. Je m’embarquais pour plus de dix ans de dog mom life.
Cooky n’est toujours pas mis en ligne sur le site de l’association, disponible à l’adoption mais ça ne devrait pas tarder. Mes ami-es me pressent, il est temps de prendre une décision et pas de machine arrière possible.
Un dimanche soir, à presque 22h, j’envoie un message : Cooky est mon chien et on restera ensemble.
Il m’aura fallu deux mois pour être sûre. J’ai eu l’impression de me jeter dans le vide. La décision ne pouvait venir que de moi et pour certain-es c’est facile, une évidence, pour moi c’est des heures et des heures de réflexion.
Mardi 1er avril, je signe officiellement les papiers de son adoption. Welcome home Cooky. Pour toujours.
Depuis, la vie avec lui est chouette. On prend chacun nos marques, on apprend à vivre ensemble et séparés. Je me construis une nouvelle routine, et tous les jours il m’impressionne un peu plus.
En résumé, après 3 mois avec Cooky, voilà ce que je peux vous dire :
un extraordinaire aimant à faire de nouvelles rencontres : avoir un chien déclenche automatiquement des conversations. Je n’ai jamais autant parlé à des inconnu-es depuis que j’ai Cooky. Et j’ai aussi croisé des voisin-es que je n’avais jamais vu auparavant, pourtant arrivé-es après moi dans l’immeuble.
ça demande de la patience : ce n’est pas ta balade, mais celle de ton chien. Il faut apprendre à ralentir, lever le pied, peut-être faire un peu plus attention à ce qui t’entoure.
quel plaisir de se balader le soir, quand les jours rallongent et la météo s’adoucit, pouvoir admirer les couchers de soleil, porter juste un petit pull
mais c’est aussi devoir sortir par des températures négatives, neige ou pluie, dans la nuit noire, devoir forcer son chien à faire ses besoins alors que clairement, il a autant envie d’être là que toi
le pire ? Les autres. Les gens avec chien, les gens sans chien. Car oui, ça m’est déjà arrivé de m’embrouiller plusieurs fois avec des gens qui détestent les chiens (alors que Cooky est minuscule et reste collé à moi), mais aussi avec des propriétaires de chiens qui ne comprennent rien au comportement canin. Spoiler alert : les chiens peuvent aboyer et ne pas s’entendre, dans ces cas-là on les sépare, mais laissons-les sociabiliser un minimum.
les affaires sont les affaires, j’ai souscris à une mutuelle : Dalma qu’on m’a pas mal recommandé et j’ai même un code promo pour vous “SABRINAxCOOKY” (premier mois gratuit)
avoir la peur au ventre : qu’il se blesse, se fasse rouler dessus, morde un autre chien ou quelqu’un d’autre. Et se sentir une mauvaise mère.
je doute tous les jours, à chaque balade. Est-ce que je fais les choses correctement ? Je n’ai pas réussi à lui faire lâcher ce morceau de bouffe par terre, le rappel n’est pas encore au point, il aboie parfois un peu trop à mon goût et je ne sais pas comment le calmer, il s’arrête au milieu du passage et gêne tout le monde et refuse d’avancer sans raison apparente… Tout ça c’est frustrant, tout ça me fait douter. Est-ce que je vais y arriver ?
bien sûr que j’ai envie d’avoir des laisses et colliers de toutes les couleurs et tailles pour que ça soit assorti à mes tenues (et même pas honte de le dire en fait)
le voir s’amuser, courir dans l’herbe, être heureux, ça me fait oublier tout le reste, les tracas, c’est magique
Merci à Cooky d’être arrivé peut-être au meilleur moment de ma vie, là où j’en avais le plus besoin, me pousser encore plus en dehors de ma zone de confort.
Je l’aime si fort et je ne me vois plus sans lui.
Hâte de vivre de folles aventures à ses côtés.
Prenez soin de vous 🤎
Sabrina
Votre Tumblr Girl
📸 insta + tiktok
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et je viens de tomber sur cet article super intéressant : https://lump-v2.webflow.io/blog/puppy-blues-symptomes-causes-et-solutions-chien
Le "puppy blues", c'est exactement ce que j'ai ressenti (et ressent encore de temps en temps)
J’ai failli pleurer en te lisant.
C’est clair que avoir un animal c’est comme avoir un enfant.
Je me suis retrouvée avec une lapine blanche (je savais même pas que ça existait comme animal de compagnie)
Certes, je n’ai plus de draps sans trous, je subis la mue en vivant dans la neige de poils, on ne voyage plus en famille car il faut quelqu’un pour la garder à la maison… bunny mum for 10 years
Mais quand elle saute de joie en l’air ou vient me réveiller en me léchant la main ou reste endormie à l’ombre, j’oublie la violence du monde
Cookie est bien tombé : vivez heureux ensemble !